LGA, 16 septembre 2024 – Ce matin, au ministère des Eaux et Forêts, la forêt n’a pas seulement résonné du chant des oiseaux, mais aussi des éclats de voix autoritaires. Sous un soleil radieux, juste après l’exécution de l’Hymne national – acte solennel qui aurait dû annoncer une journée paisible – les choses ont pris une tournure tout autre.
Les agents du ministère, rassemblés sous la bannière du Syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef), étaient fin prêts à s’adresser à la presse. Armés de discours et d’arguments acérés, ils s’apprêtaient à dénoncer, calmement mais fermement, les carences managériales observées depuis l’arrivée du ministre Maurice Ntossui Allogho. Du moins, c’était l’idée… jusqu’à ce que le ministre, tel un chef d’orchestre qui aurait mal lu sa partition, débarque pour leur chanter une tout autre mélodie.
Et quelle mélodie ! Ntossui, qui manifestement se prend pour une version contemporaine de Napoléon sur un champ de bataille bureaucratique, ne s’est pas embarrassé de la présence des journalistes pour étouffer la rébellion. Comme dans un bon vieux film de western, il n’a eu besoin que de quelques mots bien placés pour tirer sur le nouveau président du Synapef. « Caporalisation ! », aurait-on presque pu l’entendre crier. Le ministre reproche à ses subordonnés de ne pas suivre la « direction qu’il souhaite impulser ». Traduction : « J’ai parlé, vous obéissez. »
Les syndicalistes, qui pensaient s’engager dans un débat constructif, ont découvert qu’ils étaient en réalité engagés dans une course-poursuite. Le mouvement pacifique qu’ils avaient voté lors de leur dernière assemblée générale ? Avorté, avant même d’avoir vu la lumière du jour. Une déclaration publique pour dénoncer des manquements graves ? Asphyxiée par les menaces d’incarcération. Oui, vous avez bien lu : incarcération ! Parce qu’apparemment, dans le ministère des Eaux et Forêts, revendiquer des droits équivaut à un crime de lèse-majesté.
Et voilà comment un président syndical, qui pensait simplement exprimer les frustrations de ses collègues, a dû rapidement ranger son porte-voix et rentrer chez lui, la tête basse. Et Maurice Ntossui Allogho, visiblement satisfait de sa prestation digne d’un général romain, est monté dans son bureau, sûrement pour réfléchir à sa prochaine grande bataille contre ces dangereux « insurgés » en costume-cravate.
Pendant ce temps, les véritables problèmes – ceux qui ont motivé le Synapef à envisager la grève – restent enfouis sous un épais tapis de silence. Et la forêt, elle, continue d’être gérée d’une main de fer, par un ministre qui a manifestement confondu sa mission de service public avec une carrière militaire.
Mais une chose est sûre : les arbres, eux, n’ont pas fini de trembler.