Meta, le chevalier blanc de la liberté d’expression, bannit les médias russes

Le Gabon Actuel, 23 septembre 2024 – Meta frappe fort ! Le groupe américain, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, vient de bannir les médias d’État russes de ses plateformes. Officiellement, c’est pour lutter contre la « désinformation », mais entre nous, qui pourrait douter que Meta, grand défenseur de la démocratie et de la transparence (coucou Cambridge Analytica !), sait mieux que tout le monde ce qui est bon pour nos esprits fragiles ? Quand les géants de la tech deviennent les nouveaux garants de la liberté d’expression, on se demande si Orwell n’était finalement pas un peu optimiste…

Dans un élan héroïque digne des plus grands récits épiques, Meta, la noble entreprise derrière Facebook, Instagram et WhatsApp, a décidé de bouter les médias d’État russes hors de ses plateformes. Ainsi, des géants de l’information comme Russia Today (RT), cet indomptable défenseur du Kremlin, ne pourront plus nous enseigner leur vérité. Meta, qui, rappelons-le, ne fait jamais dans la censure sauf quand cela sert un bien supérieur, a annoncé cette décision fracassante pour protéger les pauvres internautes du monde entier contre le venin des propagandes russes. Ouf, nous voilà enfin en sécurité.

C’est avec un soupir de soulagement que l’on apprend que Rossia Segodnia, RT, et d’autres entités aux noms exotiques sont désormais interdites de présence en ligne. Après tout, c’est bien connu : les seuls médias d’État autorisés à dire la vérité se trouvent à l’ouest du rideau de fer, là où la liberté et la justice triomphent toujours. Du côté de Meta, c’est tout simple : quand on parle de propagande, il vaut mieux laisser cela aux professionnels américains, experts dans l’art de l’intervention humanitaire. D’ailleurs, qui pourrait oublier la libération démocratique de l’Irak en 2003 ? Ah, ces armes de destruction massive, toujours aussi insaisissables que la vérité dans un plateau télévisé. Mais ça, ce n’est qu’un petit détail.

Le Kremlin, jamais à court de répliques cinglantes, a osé critiquer cette noble action, qualifiant la mesure d’« inacceptable». Dmitri Peskov, porte-parole officiel des méchants, aurait même laissé entendre que cette décision serait une violation des règles d’éthique ! Quelle audace, quand on sait que l’éthique n’est, après tout, qu’un concept flexible selon qu’on se trouve à Moscou ou à Washington. Quant à la presse occidentale, qui n’a jamais eu de relation problématique avec la vérité (ni avec ses gouvernements), elle a sagement fermé les yeux sur ce léger paradoxe.

Le véritable danger, c’est RT !

On ne le dira jamais assez : RT n’est pas un média. Non, c’est une menace existentielle ! Antony Blinken, l’irréprochable secrétaire d’État américain, nous l’a assuré : RT n’est rien de moins qu’une extension du renseignement russe. Quelqu’un pourrait lui rappeler que Fox News et CNN ne sont bien sûr pas des extensions de leurs propres agendas gouvernementaux ? Non, bien sûr que non, il s’agit là de véritables médias libres. Alors que faire face à cette menace rouge ? Meta, fidèle à sa mission civilisatrice, s’est tout naturellement transformé en bouclier de la démocratie. On aurait presque envie d’applaudir.

Alors que les États-Unis, farouches défenseurs de la vérité universelle, s’indignent des interférences russes dans leurs élections (comme si l’Amérique n’avait jamais tenté d’influencer les élections ailleurs), ils ont décidé d’agir. Non, pas en défendant la transparence ou en favorisant le débat, mais en bannissant purement et simplement les voix dissidentes. Après tout, quoi de mieux pour défendre la démocratie que de l’enfermer dans une bulle hermétique, à l’abri des opinions divergentes ?

Pendant ce temps, en Afrique, on nous informe que les médias russes touchent à peine 10 % de la population. Rassurant, non ? Au final, pourquoi déployer tant d’efforts contre une influence qui semble aussi efficace qu’un parapluie dans un ouragan ? Parce qu’il est toujours plus facile de brandir l’épouvantail de la propagande étrangère que de questionner ses propres méthodes.

En somme, Meta, tel un preux chevalier des contes médiévaux, a frappé un grand coup pour protéger l’humanité du péril informationnel. Les esprits libres peuvent à nouveau surfer en toute tranquillité, sachant que la seule vérité autorisée est celle soigneusement filtrée par leurs algorithmes. Quant aux médias russes, qu’ils restent dans l’ombre, là où les mauvais sont censés être.

Claude Mbadouma

La Rédaction

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