Le Gabon Actuel, 19 septembre 2024
Dans une démarche visant à instaurer une certaine harmonie au sein de la communauté scolaire, le lycée Jean Baptiste Obiang Etounghe de Sibang a mis en place une politique capillaire stricte mais singulière. À l’image de certaines institutions scolaires, l’établissement a opté pour un code capillaire uniforme, contribuant à la cohésion visuelle de ses élèves. « Les nattes pour les filles et la coiffure uniforme pour les garçons, conformément au règlement intérieur » explique Jean Pierre, le surveillant général (SG), d’un air sérieux.
Cette mesure, bien que perçue par certains comme un cadre rigide, semble répondre à un besoin de structuration et d’ordre au sein de l’établissement. En effet, les cheveux des élèves sont parfois au centre des discussions, mêlant la mode, la tradition et l’expression individuelle. Toutefois, à Sibang, l’heure est à la régulation. Ici, l’harmonie est de mise, et le style capillaire en est devenu un symbole.
Entre mode et tradition : quelle place pour les coiffures à l’école ?
Contrairement aux idées reçues, la diversité capillaire a toujours trouvé sa place dans les écoles gabonaises. Du tissage moderne aux coiffures traditionnelles en passant par des styles plus audacieux, les élèves sont souvent libres de s’exprimer à travers leurs cheveux. Cependant, à mesure que ces coiffures deviennent des moyens d’expression personnels, certaines écoles, à l’instar du lycée Jean Baptiste Obiang Etounghe, préfèrent standardiser.
L’enjeu est de taille. En imposant un code capillaire uniforme, ces établissements visent à renforcer un sentiment d’appartenance collective. Les responsables éducatifs y voient une manière de mettre l’accent sur l’égalité et la discipline, minimisant ainsi les distractions souvent liées à la mode. « Un élève qui ne se préoccupe pas de son apparence est un élève qui se concentre davantage sur ses études », souligne le SG, convaincu.
Une initiative controversée mais bien accueillie
Malgré quelques réticences initiales, cette initiative semble porter ses fruits. Parents et enseignants applaudissent l’initiative, soulignant l’importance d’un cadre qui responsabilise les élèves et limite les comparaisons sociales souvent liées aux apparences.
Pour certains élèves, cette directive a également apporté une certaine simplicité dans leur quotidien. « Le matin, je ne perds plus de temps à choisir ma coiffure », confie Diane, une élève de première. « Je suis sereine et je sais que tout le monde est logé à la même enseigne ». Un sentiment de soulagement partagé par d’autres, qui admettent que cette réglementation leur permet de se concentrer sur l’essentiel : leurs études.
Une harmonie capillaire, mais à quel prix ?
Cette initiative fait tout de même débat, notamment au sujet de la question de l’expression personnelle. Dans un monde de plus en plus tourné vers la diversité et l’inclusion, certaines voix s’élèvent pour critiquer la standardisation des coiffures en milieu scolaire. Les cheveux, vecteurs de culture, d’identité et parfois de revendications sociales, représentent bien plus qu’une simple esthétique. « Les coiffures doivent refléter qui nous sommes », argue une élève, soulignant l’importance de respecter les individualités.
Cependant, les défenseurs de ce modèle insistent : la diversité culturelle ne disparaît pas, elle se sublime différemment. Et la coiffure, dans ce cas, devient un symbole d’appartenance à une communauté, plutôt qu’une simple mode.
Un modèle pour les autres établissements ?
Le cas du lycée de Sibang fait désormais office de référence dans la capitale gabonaise. D’autres établissements publics s’interrogent : faut-il, eux aussi, harmoniser les coiffures ? Certains directeurs d’écoles y réfléchissent sérieusement, tandis que d’autres restent réticents, craignant une réaction négative des élèves et des parents.
Quoi qu’il en soit, ce débat met en lumière un aspect souvent négligé dans les discussions éducatives : le rôle des cheveux dans la construction identitaire des jeunes. Plus qu’une simple affaire de mode, la coiffure devient un terrain de réflexion sociale, culturelle et même éducative.
Conclusion
Les coiffures en milieu scolaire, comme au lycée Jean Baptiste Obiang Etounghe, ne sont pas qu’une affaire d’apparence. Elles participent à la structuration de l’espace éducatif et à la construction d’une identité collective. Si les politiques capillaires doivent s’adapter à la réalité culturelle des élèves, elles doivent également prendre en compte l’harmonie et l’équité que cherchent à instaurer certains établissements.
En attendant, les élèves de Sibang semblent avoir trouvé un juste milieu entre discipline et expression. Peut-être verrons nous bientôt d’autres lycées suivre cette voie, dans un élan d’harmonisation capillaire.