Le Gabon Actuel, 20 septembre 2024 – La récente sortie des avocats de Sylvia et Noureddine Bongo Valentin, dénonçant les violations des droits de leurs clients en détention, loin de provoquer l’empathie espérée, a plutôt éveillé ironie et cynisme parmi une population encore marquée par les abus du régime Bongo. À l’heure où ces figures emblématiques de l’ancien pouvoir découvrent les rigueurs du système carcéral, les Gabonais, eux, ne semblent pas prêts à oublier le sort réservé à d’autres détenus sous leur régence.
Hier, les avocats de Sylvia et Noureddine Bongo Valentin se sont réunis pour une conférence de presse, criant à l’injustice quant au traitement réservé à leurs clients. « Depuis leur placement en détention, Sylvia Bongo et Noureddine Bongo n’ont jamais pu communiquer librement avec leurs avocats », a dénoncé Me Gisèle Eyue Bekale, comme si c’était la première fois que cela arrivait dans un geôle gabonais. Le discours a également déploré la violation de leur droit à la santé et l’absence de garanties sur leur sécurité, rappelant que le Gabon est pourtant signataire de la Charte africaine des droits de l’homme. La tonalité ? Indignée, véhémente, presque théâtrale.
Cependant, l’émotion escomptée semble ne pas avoir trouvé son public. Nombreux sont les Gabonais qui, loin de verser une larme, ont réagi avec un certain cynisme. On se souvient encore des conditions dans lesquelles ont été détenus Bertrand Zibi et Brice Laccruche Alihanga, placés en isolation, privés de soins et de visites durant plusieurs années. Le grand paradoxe ici ? Les mêmes qui pleurnichent aujourd’hui étaient hier les fiers régents d’un régime qui ne s’embarrassait guère de scrupules pour piétiner les droits des autres. Les Gabonais ont donc la mémoire longue.
Aux Charbonnages, Francis ironise : « On récolte ce qu’on sème ». Aline, quant à elle, va plus loin, trouvant presque indécent ce revirement soudain. « C’est insultant de venir nous parler de privation de visites, alors que Jean Rémi Yama a été incarcéré sans pouvoir inhumer sa propre épouse », s’indigne-t-elle.
Si la défense des Bongo Valentin espérait un élan de solidarité populaire, c’est plutôt un mur de sarcasmes qu’elle a rencontré. Les anciens puissants découvrent enfin les réalités du quotidien qu’ils ont si longtemps ignoré.
C’est parce que le métier d’avocat est une profession libérale que n’importe qui peut s’adjuger la possibilité de défendre l’indéfendable. Les Valentins ne méritent même pas un regard vu leurs pédigrée. Ils méritent d’être incarcérés sans aucun jugement.
Des rigolos