Affaire Karpowership : quand Mouissi Mays tombe dans ce qu’il dénonçait

Le Gabon Actuel, le 21 janvier 2025 – Ça chauffe pour Mouissi Mays et Mba Charles. Les auditions autour du contrat controversé signé en 2023 entre le Gabon et la société turque Karpowership ont débuté ce lundi, dévoilant des soupçons de corruption et de détournement de fonds publics qui secouent le gouvernement de transition. Le contrat, censé mettre fin aux délestages dans le Grand Libreville, a rapidement été résilié, mais les conditions de sa signature continuent de susciter l’indignation. 

Le contrat, d’un coût de 12 milliards de francs CFA par mois, comportait des clauses particulièrement désavantageuses pour le Gabon, notamment l’obligation pour l’État de fournir le fuel destiné aux navires générateurs d’électricité. Si Charles M’Ba, ex-ministre de l’Économie désormais en charge de l’Environnement, et son collègue des Comptes publics sont également dans le viseur des enquêteurs, la mise en cause de Mays Mouissi frappe l’opinion publique, tant l’homme avait incarné une rupture avec les pratiques opaques du passé. 

Un courrier adressé au Procureur de la République, révélé par le média GabonReview, indique que l’enquête s’étend également à des cadres de la Société du Patrimoine, de la SEEG, à l’ancien directeur général du Fonds gabonais d’investissement stratégique (FGIS) et, plus surprenant, au délégué spécial de la commune de Libreville. Ces auditions visent à faire la lumière sur des soupçons de « détournement de fonds publics, de corruption, d’enrichissement illicite et de conflits d’intérêts ». 

Pour les enquêteurs, l’enjeu est de comprendre comment un contrat aussi désavantageux pour le pays a pu être signé et pourquoi des clauses aussi léonines ont été acceptées. Les soupçons se concentrent sur la possibilité que des gains personnels aient motivé cette décision, un scénario qui contraste fortement avec les promesses de transparence et de redressement économique portées par Mays Mouissi à son arrivée au gouvernement. 

Ce qui choque particulièrement, c’est l’implication présumée de Mays Mouissi, ministre de l’Économie au moment des faits, dans des pratiques qu’il avait lui-même vigoureusement dénoncées lorsqu’il critiquait l’ancien régime. Surnommé « le petit génie » en raison de son expertise et de sa capacité à vulgariser les enjeux économiques, sa nomination avait suscité beaucoup d’espoir quant à un redressement économique du pays. Il représentait pour beaucoup un symbole de renouveau et d’intégrité. Aujourd’hui, son audition hier, six heures durant, par la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) soulève de sérieuses interrogations.

Cette affaire Karpowership, qui met en lumière de potentielles dérives au sommet de l’État, représente un test crucial pour le CTRI dont la vocation première est la restauration des institutions. Les auditions en cours sont scrutées par une population qui attend des réponses claires et des actions concrètes pour rétablir la confiance des Gabonaises et des Gabonais.

La Rédaction

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