Crise à l’ENS : les enseignants-chercheurs dénoncent une « tutelle toxique » et suspendent les cours

Le Gabon Actuel, 29 novembre 2024 – À l’École Normale Supérieure (ENS) de Libreville, le bras de fer entre les syndicats des enseignants-chercheurs et le Ministère de l’Éducation nationale, dirigé par Camélia Ntoutoume Leclercq, a atteint un point critique. Ce conflit latent qui s’est transformé en crise ouverte, pourrait mettre en péril l’avenir de ce temple du savoir.

Selon les déclarations des syndicats, les tensions avec la tutelle auraient éclaté ouvertement lors du dernier Conseil d’administration. La Ministre, qui présidait la réunion aurait imposé une « dynamique unidirectionnelle », et réduit au silence toute opposition. « Après avoir exprimé ma position en tant que Président du SNEC-ENS, j’ai été menacé d’expulsion de la salle en raison de l’intolérance de Madame la Ministre à toute forme de contradiction », a affirmé le Professeur Hilaire Ndzeng Nyangon. 

Les syndicats accusent la tutelle de chercher à renforcer son contrôle sur l’ENS, malgré son statut d’établissement public d’enseignement supérieur, donc logiquement dépendant du ministère éponyme. Ils qualifient cette cotutelle de « toxique » et réclament la sortie immédiate de l’ENS de cette double autorité. 

Les enseignants-chercheurs soulignent également l’exceptionnalité de cette organisation. Contrairement à d’autres pays de la région CEMAC ou relevant du CAMES, où les Écoles Normales Supérieures sont rattachées exclusivement à l’Enseignement Supérieur, le Gabon persisterait dans une structure atypique, considérée par les syndicats comme inefficace. 

En réaction à ce qu’ils perçoivent comme une absence de dialogue, les syndicats ont décidé de suspendre temporairement les activités pédagogiques à l’ENS. Ils menacent également de durcir leur mouvement si leurs revendications ne reçoivent pas une réponse favorable. « Ce bras de fer se poursuivra tant que le Ministère de l’Éducation Nationale ne prêtera pas une oreille attentive à nos préoccupations », a déclaré le Professeur Charles Philippe Assembe Ella. 

Si ces accusations venaient à se confirmer, cette crise pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir de l’ENS.

Morgan Momb's

Diplômé de l'ENS en philosophie, amoureux des questions d'art, de littérature et de musique

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