Le Gabon Actuel, 27 septembre 2024 – Depuis hier, les syndicats de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) ont déclenché une grève illimitée, perturbant les activités de ce géant du manganèse. Mais au-delà des revendications salariales, une question revient : pourquoi l’Administrateur Directeur Général (ADG), Léod Paul Batolo, est-il devenu la cible principale de cette fronde sociale ?
Alors que le président de la Transition et le PDG du groupe Eramet ont publiquement réitéré leur soutien à Batolo, le bras de fer persiste. Les syndicats, qui avaient initialement accepté la médiation du ministre des Mines, Gilles Nembe, ont fait volte-face, ajoutant au mystère entourant ce conflit. Pourquoi cet acharnement contre un dirigeant qui, d’après les chiffres, a pourtant contribué à l’essor de l’entreprise depuis 2019 ?
Les tensions actuelles révèlent des enjeux bien plus profonds, suscitant des interrogations sur les motivations réelles des acteurs de cette grève. À qui profite ce conflit ? Et qui souhaite réellement la chute de Batolo, malgré les avancées économiques réalisées sous sa direction ?
Derrière les revendications affichées pour de meilleures conditions de travail, certains analystes voient des intérêts plus complexes à l’œuvre. La position stratégique de la Comilog, premier producteur mondial de manganèse à haute teneur et moteur économique du Gabon, en fait un enjeu majeur pour de nombreux acteurs, tant nationaux qu’internationaux. De fait, l’acharnement contre l’actuel ADG soulève des interrogations : serait-il la victime collatérale de jeux de pouvoir et d’influences au sein de la compagnie ou même sur l’échiquier politique natioanal ?
Cette grève, déclenchée « sans préavis » et malgré des discussions en cours, laisse planer le doute sur les véritables motivations des syndicats. Certains membres du personnel estiment que les revendications ne reflètent pas forcément les préoccupations majoritaires des employés. En parallèle, d’autres soutiennent que l’ADG, sous la pression, paie le prix de son soutien public par les hautes autorités de la Transition.
Ce soutien, pourtant clair et visible, a semblé renforcer les tensions, plutôt que de les apaiser. Le président de la Transition, Brice Oligui Nguema, avait explicitement salué le travail de Batolo lors d’une visite à Moanda, indiquant que le dirigeant jouissait d’une confiance pleine et entière. De son côté, Christel Bories, PDG du groupe Eramet, propriétaire de Comilog, avait insisté sur les performances exceptionnelles de l’entreprise sous la direction de Batolo, appelant à un retour au dialogue et à la négociation.
Face à cette situation, une question se pose avec acuité : les syndicats cherchent-ils réellement à améliorer les conditions des travailleurs ou cette grève est-elle le fruit de manœuvres visant à déstabiliser une direction jugée trop proche du pouvoir en place ?
En coulisses, l’opinion s’interroge également sur les possibles répercussions économiques de ce conflit social. Une paralysie prolongée de Comilog pourrait non seulement nuire aux intérêts des travailleurs et de l’entreprise, mais aussi impacter l’économie nationale, dépendante, en grande partie, des exportations de manganèse. Avec des enjeux aussi stratégiques, le dénouement de cette crise sera décisif pour l’avenir de la compagnie, mais aussi pour la stabilité sociale et économique du Gabon.
Si le dialogue reste bloqué, il n’est pas exclu que le gouvernement prenne des mesures pour imposer une solution, au risque de provoquer une nouvelle vague de contestations. Dans tous les cas, cette crise à Comilog est devenue un enjeu qui dépasse largement les revendications syndicales, et les prochains jours seront déterminants pour l’avenir de Léod Paul Batolo et de l’entreprise.